Ain: un pédophile fait condamner un ancien prêtre pour l'avoir perverti
L'homme, âgé de 64 ans et condamné pour pédophilie par le passé, vient de faire condamner l'ancien prêtre qui l'avait violé durant son enfance, il y a une cinquantaine d'années.
C'est une affaire hors du commun qui vient d'être jugée à Nantua, dans l'Ain. Un aumônier à la retraite, âgé de 82 ans, a été condamné à verser un euro symbolique à son ancienne victime, un homme de 64 ans... devenu pédophile à l'âge adulte, explique à BFMTV.com l'avocat de la victime, Me Emmanuel Ludot, confirmant une information révélée par RTL lundi matin.
"Mon client, qui est aujourd'hui lui aussi à la retraite, suit une thérapie depuis une dizaine d'années. Il vit ses pulsions pédophiles comme une maladie. Son psychologue clinicien l'a convaincu de poursuivre au civil ce prêtre qui l'avait agressé pendant son enfance, de la sixième à la troisième, il y a une cinquantaine d'années", détaille l'avocat.
A la barre, l'ancien aumônier, qui exerçait dans le collège où était scolarisée sa victime, en internat, a reconnu les faits. Il les avait déjà admis à l'époque, dans les années soixante, mais n'avait jamais été poursuivi. Or, prescrits au pénal, les faits pouvaient encore être passibles de poursuites au civil.
Le prêtre admet "aimer" les adolescents
Me Ludot reste encore stupéfait des réactions de l'homme d'Eglise, qui parle de "gestes affectueux" envers sa victime. "Il est venu à l'audience sans une once de regret. Je l'ai rattrapé à la sortie du tribunal pour l'interpeller, lui demander comment il avait pu faire ça alors qu'il était prêtre! Il m'a regardé, a haussé les épaules, et m'a répondu: 'J'aime les ados, je les ai toujours aimés. Je ne vois pas pourquoi je m'en serais privé'."
Sa condamnation semble avoir eu un impact sur son ancienne victime, qui pour sa part n'est pas venue au tribunal. "Son psychologue m'a dit qu'avant ce procès, il n'avait aucune empathie lorsqu'il lisait des faits divers où des enfants étaient concernés. Là, il s'écroule à chaque fois", raconte Me Ludot à BFMTV.com.
Le Saint-Siège a étouffé l'affaire il y a cinquante ans
Son client, condamné il y a une douzaine d'années pour attouchements en pleine rue sur une fille de quinze ans, dit n'avoir jamais agressé personne d'autre par le passé. Marié, avec deux enfants, il a toujours préservé les apparences, malgré des pulsions pédophiles et des blessures d'enfance jamais guéries. Aujourd'hui, l'homme, coupé de sa famille depuis sa condamnation, vit seul avec sa mère, et tente de se reconstruire.
Son avocat ne compte pas en rester là: il vient d'envoyer une demande d'indemnisation au Saint-Siège. "J'estime qu'ils sont responsables des abus sexuels dont a été victime mon client dans son enfance. Ils ont su ce qu'il s'était passé, et ils ont étouffé l'affaire en donnant au prêtre un nouveau poste en Suisse. Je leur donne un mois pour me répondre. Sans ça, je les assignerai devant le tribunal de grande instance de Paris".
Source : BFM TV