Clermont-Ferrand : 550 familles réclament la vérité sur le vaccin Meningitec
Des dizaines d'enfants traités au Meningitec, retiré du marché en septembre 2014 par mesure de précaution, souffrent de symptômes inexpliqués et durables. L'avocat des parents, qui ont assigné en justice le distributeur français de ce vaccin, va demander des expertises médicales des enfants lors d'une audience au tribunal de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ce mardi matin.
Le mail est arrivé lundi, à 18h44. Il émane d'un parent préoccupé par la santé de sa fille âgée de 3 ans. Elle présente des troubles importants du sommeil, de l'alimentation ou encore du comportement. Or, cette enfant a reçu il y a plus d'un an du Meningitec, un vaccin contre la méningite au coeur d'un potentiel «scandale sanitaire» selon Me Emmanuel Ludot, destinataire du mail.
Cet avocat, qui représente les intérêts des parents de 550 enfants, va demander ce mardi des expertises médicales pour 250 d'entre eux au tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand, devant lequel les familles ont assigné CSP, le distributeur français du Meningitec, basé dans le Puy-de-Dôme.
«Le but est de mettre en évidence un lien de causalité entre le vaccin et les symptômes persistants chez ces jeunes enfants», résume Me Ludot qui soupçonne fortement la présence de «nano-particules de métaux lourds» dans la composition du Meningitec, et pas seulement dans des lots défectueux à l'origine de cette affaire. Les familles, qui ont lancé en juillet cette action judiciaire au civil, reprochent en effet au laboratoire CSP d'avoir acheminé des seringues susceptibles de contenir des résidus de métaux lourds. Les enfants qui ont reçu ces injections présentent, selon leurs parents, de nombreux symptômes inexpliqués (diarrhées, douleurs abdominales, poussées de fièvre, divers troubles du comportement...). La faute au Meningitec ?
Une pétition sur Internet
Alerté par le fabricant américain du produit sur la présence anormale de «particules» dans les seringues de certaines doses du Meningitec, l'Agence nationale de sécurité du médicament a signalé, en septembre 2014, le retrait de 21 lots distribués en France «en raison d’un problème de qualité rencontré lors de la fabrication du médicament». Une mesure prise à titre préventif. Malgré cela, ce vaccin aurait été écoulé et prescrit au-delà de la date de retrait, ce qui a contribué à renforcer les craintes des parents d'enfants concernés. Et leur colère.
Une pétition sur Internet a réuni plusieurs dizaines de milliers de signatures pour réclamer la création par le Ministère de la Santé d'une cellule de crise. Devant l'ampleur prise par cette affaire depuis l'été, des représentants des parents ont été reçus, il y a quelques jours, au ministère dans un souci de transparence et d'apaisement. Ces derniers se sont vu proposer la mise en place d'un numéro vert et le lancement d'une étude statistique à partir des symptômes observés chez tous les enfants, comme l'a rapporté Paris Match sur son site Internet. Toujours selon l'hebdomadaire, les interlocuteurs des parents au ministère de la Santé «excluent un problème de défectuosité majeure du vaccin qui aurait conduit à des maladies» et «rejettent tout problème réel d’ordre sanitaire, à l’échelle nationale ou mondiale».
Cette réunion ne fait pas varier de cap Me Ludot. L'avocat, spécialiste des affaires médicales et épaulé dans ce dossier par Me Gilles-Jean-Portejoie, a fait effectuer de son côté des expertises toxicologiques sur le vaccin. Et il suit de très près l'évolution d'une procédure -pénale celle-là- visant le Meningitec en Italie. «Au-delà des lots défectueux, c'est la composition même qui pose problème», insiste Me Ludot.
Ce matin, il demandera donc au tribunal des expertises poussées pour 250 premiers enfants. Il fera de même pour les autres, début 2016. En attendant, les parents signalant les symptômes troublants de leurs enfants traités au Meningitec continuent de se manifester, comme en atteste le mail de lundi à 18h44.
Source : LA PARISIENNE