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Affaire MURRAY

"S’agissant de la décision obtenue par les fans de Mickaël JACKSON :  j’ai travaillé de manière désintéressée compte tenu du caractère exceptionnel de cette procédure.
Cette décision est une première mondiale." 
Me LUDOT Emmanuel

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Chars : il assigne l’Otan pour la mort de son fils, soldat des Balkans

Ludovic est mort à 27 ans d’un cancer après avoir servi en ex-Yougoslavie. Son père assigne l’Otan en justice ce mardi matin, devant le tribunal de grande instance de Paris. Selon Alain Acariès, qui habite la petite commune de Chars, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord a une responsabilité dans la mort de son fils qui conduisait les camions de la Forpronu.

Des véhicules auparavant utilisés par l’Otan pendant la première guerre du Golfe. Et selon lui contaminés par l’utilisation de munitions en uranium appauvri (UA) sur le théâtre des opérations au Koweït.

C’est une photo un peu floue d’un jeune homme en uniforme, insouciant, allongé dans son camion. Elle date de 1994, à l’époque où Ludovic assure des convois logistiques entre Zagreb et Sarajevo. Libéré en mars 1994, il tombe très vite malade, présente les symptômes semblables à d’autres militaires présents dans le Golfe ou dans les Balkans. Une autre photo le montre quelques mois plus tard sans cheveux, serrant son enfant dans ses bras.

« Mon fils mettait sa fatigue sur le compte de son travail. Mais c’était sa maladie qui était à l’œuvre, confie son père. Il se plaint d’une douleur dans le dos. On découvre un ganglion lymphatique énorme. Il est mort en 1997 d’un cancer, un lymphome non hodgkinien, en trois ans et demi. »

Alain Acariès s’acharne depuis à faire toute la lumière sur ce décès, devenant un pilier d’Avigolfe, l’Association des victimes civiles et militaires des guerres du Golfe et des Balkans. « Cela fait quinze ans que je suis sur ce dossier. Ils ne vont pas m’avoir comme cela ! » confie ce Val-d’Oisien qui a peu à peu réussi à rassembler des éléments troublants.

Une exhumation en 2007 permet à un expert de découvrir la présence, dans le corps de son fils, d’éléments pouvant accréditer la contamination : nickel, antimoine, strontium, ce dernier retrouvé à plus de dix fois le seuil discriminant. Un scientifique italien, qui a pu examiner les ganglions conservés par l’hôpital de Pontoise, révèle ensuite la présence de nanoparticules, dont l’origine peut être liée aux munitions UA.

Alain Acariès met également la main sur un dossier de l’Otan détaillant le risque d’exposition indirecte à une « vapeur de métal », qui « créerait des effets persistant à long terme si aucune mesure n’était prise pour supprimer cette contamination résiduelle ». L’Otan évoquant « des probabilités extrêmement faibles » de cancer.

Un autre document, à diffusion restreinte, de Finabel (comité de coordination des armées de terre de l’UE) est lui consacré à la décontamination nécessaire des matériels. « Les effets à long terme de la contamination […] ne doivent pas être minimisés », précise le document. « Les poussières radioactives peuvent se déposer facilement sur les véhicules ».

Mais le camion de Ludovic n’y a pas eu droit, ce que reconnaît le ministère français de la Défense en 2002. « En l’absence d’élément indiquant une éventuelle contamination, il n’a été procédé, au retour du Golfe, à aucune décontamination spécifique. »

Contacté, l’Otan s’estime tout à fait étranger à l’affaire. « Nous sommes naturellement sensibles à la détresse de tout père qui a perdu son fils », confie un responsable. «Nous notons que les allégations concernant les circonstances de sa mort se rapportent au moment où il a été déployé dans le cadre de la Forpronu. En tant que tel, les revendications ne sont liées à l’Otan en aucune façon. Il serait inapproprié pour l’Otan de se prononcer.»

Les Français à la traîne pour reconnaître le syndrome de la guerre du Golfe

Me Emmanuel Ludot, l’avocat d’Alain Acariès, demande aujourd’hui à la justice française de mener deux expertises pour rechercher la vérité, « dans la perspective d’un procès futur ».

La première a pour but de se faire remettre un exemplaire de chaque munition utilisée lors des guerres du Golfe et des Balkans, de décrire leurs composants, notamment en uranium, et de déterminer les rayonnements pouvant être émis, « avant, pendant et après leur utilisation ».

La seconde expertise concerne Ludovic, le soldat mort à seulement 27 ans. L’avocat demande à la justice d’analyser et doser les isotopes d’uranium retrouvés dans le corps du défunt. Et de dire si l’un d’eux peut provenir d’une munition utilisée par l’Otan.

Cette procédure est la dernière voie juridique possible. Une première procédure pénale concernant la guerre du Golfe a vu les parties civiles écartées par l’instruction. Une seconde, liée au conflit des Balkans, devrait suivre la même voie. La procédure administrative qui avait permis l’exhumation de Ludovic est terminée.

« C’est la seule voie possible aujourd’hui » admet Me Ludot. « Il n’y a que les Français qui sont à la traîne pour reconnaître le syndrome de la guerre du Golfe. Les Anglais l’ont reconnu, comme les Américains et les Canadiens. » Pour lui, l’Otan est clairement impliqué : « L’Otan avait le choix des munitions et des armes. »

Source : Le Parisien

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